Le Département de la Réunion
devient collectivité bilingue le 13 décembre 2022.
Le président du Conseil départemental Cyrille Melchior, le président de Lofis la lang kréol La Rényon Axel Gauvin et Isabelle Erudel, conseillère départementale du Port.
Diskour lo prézidan Cyrille Melchior
Discours du président Cyrille Melchior
« Très heureux de signer ce matin au nom du Département la charte de la collectivité bilingue créole réunionnais français/kréol rényoné-fransé.
On aurait pu la signer à un autre moment mais c’est volontairement que nous avons voulu la signer maintenant, à l’approche de la 5ème édition du GRAN 20 DESANM.
Depuis que le Département porte un Grand 20 Désanm, en effet, il a fait le choix de parler d’histoire, d’évoquer la mémoire, et aussi de « met en l’air » les héritages que les Réunionnais ont reçu de la période de l’esclavage. Or parmi des héritages, la langue est probablement le bien commun le plus partagé.
Par ailleurs, le Département s’engage parce que dans la promotion de notre culture et de notre langue créole, chacun sait que nous ne partons évidemment pas de zéro. Et cette promotion va même en s’amplifiant puisque dans notre plan de mandature, la 1ère orientation pour la culture vise la valorisation de notre culture créole.
Je voudrais ainsi rappeler que :
- L’usage du créole est une réalité de tous les jours dans la collectivité.
* parlée au quotidien par les élus et les agents, dans tous les domaines (social, agriculture, insertion…)
* utilisée sur tous nos supports d’information et de communication (974 TV, encarts, spots…) - Le Département son soutien à de nombreux projets en créole ou auteur du créole (éditions, fonnkèr, conférences…)
Et comme c’est un axe prioritaire, le Département va aller plus loin. Là encore quelques exemples :
– Nous avons publié en 2021 les 1ers guides de musées en créole ; et proposons régulièrement des visites en créole ;
– Nous avons lancé (avec LOFIS) la traduction en créole de la totalité du Portail esclavage Réunion – une 1ère série est livrée pour le Gran 20 Désanm. La langue créole est ici traitée à égalité avec le français, l’anglais et le portugais.
– Notre Bibliothèque a entrepris un colossal travail de recensement des publications disponibles en créole réunionnais depuis le 18ème siècle, l’objectif étant de mettre en ligne cette bibliographie et de la diffuser la plus largement possible.
Un dernier mot pour dire que le Département est activement impliqué dans le travail mené autour du Pacte linguistique. Qu’il veut promouvoir dans notre île un plurilinguisme apaisé, serein, ouvert.
Enfin, saluer l’engagement ancien, le travail infatigable, la passion et la patience de LOFIS et en particulier de son président Axel Gauvin ».
« Récemment, la Région et plusieurs institutions, ont adopté une Charte bilingue créole-français. Je me réjouis de voir que le Département a pris le même chemin et a décidé de s’engager pour la valorisation de notre langue créole.
Person’ i poura remèt an koz la plas’ santral ke n’inporte kel lang’ i okipe dann toute kiltir, ni le fét ke li lé in de prinsipal pilié.
le kréol i tien é i doi tenir un plas’ inportan, koté le Fransé.
Na poin de rézon dopozé lé 2 lang, kréol ek fransé.
Au contraire,
Sé dann zot konplémantarité
ke nous tire la fors de nout partikularité,
Notre île a connu durant plusieurs siècles la colonisation et l’assimilation générant des représentations négatives de notre culture et de notre identité, entraînant même un déni et une dévalorisation du Réunionnais.
Longtemps interdit, réprimé, méprisé et non valorisé, le créole a pu conserver, grâce à des hommes et des femmes de lutte, des militants, des associations comme Lofis, Daniel Honoré, Axel Gauvin, Fabrice Georger, Giovanni Prianon, Laurence Dalleau Gauvin … toute sa dimension identitaire, culturelle, et universelle. Car notre langue créole s’est façonnée par le métissage des langues chinoises, malbar, française, africaine, malgache, indienne,… Une langue multiple construite avec notre vivre-ensemble qui représente notre réunionyté. Qui représente notre peuple réunionnais.
Instaurer cette charte bilingue dans notre institution redonnera toute sa place à notre créole mais aussi à notre identité réunionnaise.
La langue lie l’homme et son identité, mais aussi l’habitant et son administration. Légitimer le créole dans nos institutions est donc un acte fort, car elle permettra d’accueillir nos administrés dans les meilleures conditions possibles et de leur proposer un service de qualité adapté à leurs besoins. Nous faisons ainsi vivre la langue créole de La Réunion, et consolidons notre identité créole. »
La signature de la charte collectivité bilingue par le Département de la Réunion en vidéo.